A l’Homme blanc
Posté par europeanwolf le 17 avril 2012
Homme blanc, souviens-toi de toi-même !
Homme blanc, reprends-toi sur le monde
Rattrape ton sang qui se dérobe
Refais ta pureté que les ronces
T’ont déchiré en petits morceaux
Restitue à la race royale
Le palais partagé de ton corps
Qu’il y ait de nouveau qui t’attende
Sous la robe de ta fiancée
Le tendre abîme de chair scellée
Jalousement permis à toi seul
De nouveau l’urne de chair déserte
Où l’ancêtre, en criant de plaisir,
Versait le flot de sa descendance
Ressaisis ta lignée dans l’écheveau des peuples vils
Réveille un dieu dormant dessous la pierre la plus vieille
Tu t’es si follement répandu, commis et mêlé
Tu as, comme un héritier qui se saoule chez les filles
Dilapidé l’énorme trouvaille que tu étais
Tu n’as pas su te raidir contre le songe de l’Ouest
On t’a vu comme un enfant courir après le soleil
Il faut te retrouver d’abord : nous chercherons ensuite
Il faut d’abord redevenir le maître de toi-même
Nous nous réoccuperons de la terre plus tard
Il faut te tremper d’abord au mystère de toi-même.
(quatrième poème du cinquième chant de l’Homme Blanc)
[pour cause de « non-politiquement correct », ce poème fut expurgé dans les éditions récentes des œuvres de Jules Romains]
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